Comprendre le calcul du montant de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH)

17 mai 2025

AAH : une prestation modulée en fonction des ressources

L’AAH, versée par la CAF (Caisse d’Allocations Familiales) ou la MSA (Mutualité Sociale Agricole), vise à garantir un revenu minimal aux personnes en situation de handicap, sous réserve de respecter certains critères d’éligibilité. Le montant maximum de l'allocation est fixé, mais il est modulé en fonction des ressources du bénéficiaire ou de celles de son foyer.

Concrètement, l’idée est de combler l’écart entre les revenus de la personne (ou ceux de son couple) et le plafond maximal autorisé pour bénéficier de l’AAH. Cela en fait une prestation dite "différentielle". Mais quels éléments sont pris en compte pour ce calcul ? Regardons de plus près.

Quel est le montant maximal de l’AAH en 2023 ?

En 2023, le montant maximal de l’AAH s’élève à 971,37 € par mois (source : CAF). Ce montant concerne les bénéficiaires qui ne perçoivent aucun revenu ou très peu. Dès lors que des ressources sont déclarées, ce montant peut être diminué selon les plafonds et critères en vigueur.

Pour rappel, ces plafonds varient selon la composition familiale :

  • 11 656 € par an pour une personne seule.
  • 20 297 € par an pour une personne vivant en couple.
  • Ces montants augmentent de 5 828 € par enfant à charge.

Quels revenus sont pris en compte pour le calcul de l'AAH ?

La principale difficulté liée au calcul du montant de l’AAH est la diversité des ressources qui peuvent être incluses dans l’évaluation des droits. Voici un aperçu de ce qui est pris en compte :

1. Les revenus d'activité

Les revenus professionnels, que vous soyez salarié, travailleur indépendant ou à temps partiel, sont comptabilisés. Une partie de ces revenus peut néanmoins être exonérée en fonction de la nature ou du niveau d'activité.

2. Les revenus de remplacement

Allocations chômage, pensions d’invalidité, retraites ou rentes perçues figurent dans les ressources déclarées, tout comme d'autres prestations sociales (RSA, par exemple).

3. Les revenus du patrimoine

Les placements financiers, les loyers perçus (si vous êtes propriétaire bailleur ou si vous louez un bien), ainsi que certaines économies peuvent peser dans le calcul. Cependant, votre résidence principale n'est pas prise en compte.

4. Cas particuliers

Les revenus des enfants à charge ou de certaines aides exceptionnelles peuvent être exclus. En revanche, pour les couples, les ressources du conjoint sont automatiquement intégrées au calcul.

Le mécanisme de calcul : comment ça fonctionne ?

Maintenant que nous savons ce qui entre dans le calcul, voyons comment l'AAH est déterminée. Pour plus de clarté, voici les grandes étapes :

  1. Identifiez le montant maximal de l'allocation (971,37 € par mois).
  2. Calculez les ressources annuelles déclarées, en additionnant tous les revenus inclus dans l’évaluation (vos revenus d’activité, les prestations reçues, etc.).
  3. Divisez ce chiffre par 12 pour obtenir votre revenu mensuel moyen.
  4. Appliquez la formule suivante pour obtenir le montant de l’AAH mensuelle : Montant mensuel AAH = Plafond maximum (971,37 €) - Vos ressources mensuelles.

Exemple concret :

  • Vous êtes célibataire et vos ressources mensuelles se montent à 600 €.
  • Montant de l'AAH que vous percevrez : 971,37 € - 600 € = 371,37 € par mois.

D’autres paramètres spécifiques à connaître

Quelques particularités peuvent jouer sur le calcul de l’AAH. Il est important de bien prendre en compte ces éléments :

1. La prise en compte des revenus N-2

La CAF ou la MSA calcule vos droits à partir des revenus de l’année N-2 (soit deux ans avant l’année en cours). Cela peut poser des difficultés si vos revenus ont fortement évolué depuis. Dans ce cas, il faut impérativement signaler un "changement de situation" pour obtenir une réévaluation.

2. Les bénéficiaires d'une aide pour l'autonomie

Si vous percevez une Prestation de Compensation du Handicap (PCH) ou d'autres aides similaires, cela n’impacte pas votre AAH. Celles-ci ne sont pas comptabilisées dans les ressources prises en compte.

3. Les cas de cumul avec d’autres prestations

Dans certaines situations (par exemple, si vous touchez une pension d’invalidité ou une rente accident du travail), l'AAH peut être versée en complément plutôt qu'à son maximum. Ce cumul dépend des montants de ces autres prestations.

Vers une réforme en 2023 : individualisation des ressources

L’une des grandes revendications des associations de défense des droits des personnes handicapées concerne la prise en compte des ressources du conjoint. Actuellement, celles-ci viennent diminuer, voire annuler, l’AAH de nombreux bénéficiaires. Cela crée une dépendance financière qui est souvent dénoncée comme injuste.

Bonne nouvelle : après des débats houleux, il a été décidé d’individualiser les ressources pour le calcul, à partir du 1er octobre 2023. Cela signifie que les revenus du conjoint ne seront plus pris en compte, permettant à un plus grand nombre de percevoir l’AAH ou d’avoir un montant révisé à la hausse.

Quelques conseils pour maximiser vos droits

Pour éviter les erreurs et maximiser vos droits, voici quelques recommandations :

  • Déclarez tout changement de situation rapidement : arrivée d’un enfant, mariage, chômage, etc.
  • Simulez vos droits en ligne : la CAF propose un outil simple pour évaluer votre AAH.
  • Faites appel en cas de désaccord : si le montant vous semble incohérent, vous pouvez demander une révision de dossier.
  • Consultez un travailleur social : il peut vous accompagner dans vos démarches, vérifier vos droits ou vous aider à constituer un dossier solide.

Conclusion : un calcul à démystifier

Le calcul du montant de l'AAH peut sembler complexe en raison des nombreux critères qui entrent en jeu, mais il obéit à une logique de compensation des ressources. Cette aide indispensable est là pour garantir un revenu minimum aux personnes en situation de handicap afin de lutter contre la précarité. En 2023, avec la réforme sur l'individualisation des ressources, l'AAH est amenée à devenir plus juste et adaptée aux réalités de chaque bénéficiaire. Si vous êtes concerné(e), ne restez pas seul(e) face à ces démarches et faites appel à des professionnels ou des associations pour explorer vos droits.

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